De la Brume sortit un Enfant

Je m'arrêta perplexe devant cet immense bâtiment étrange. Je le défigura et l'examina de long en large.
" Après tout , on a qu'une seule vie ... "

J'entra . Quelque chose se passa , quelque chose ... D'indescriptible ... Une sensation de déjà vu , comme un flash ... Et puis , cette aura , ce , sentiment ... Je me sentis lourd , très lourd , une peur insaisissable s'empara de mon corps , comme si j'étais observé , que quelqu'un ou quelque chose voulait me faire du mal . Mon corps se fi si lourd sous cette pression insoutenable , mon corps suait comme par un jour de plein été , et mon regard se brouilla , je ne sentait plus mes membres et bientôt , ne pus plus respirer.
Je tombai comme au ralentit , comme à moitié endormi , comme un soldat mort au combat .

Brusquement , je me réveillai plein d'émotions et de souvenirs , comme un tout plein de chose qui me remontait à la tête , et un mal de crâne comme le lendemain d'une cuite . Je me leva et regarda la sortie comme le point lumineux que j'attendais depuis des lustres , et me dis après mûre réflexion :

" Je peut pas revenir en arrière maintenant , et puis si je les trouve , je les bute ! "

Je vis cet ascenseur là-bas , au fond de la pièce , à moitié tourné vers lui , mon instinct me pris , je n'eu pas le temps de réfléchir que j'étais déjà en marche , comme attiré par quelque chose . Les murs étaient délabrés et des insultes étaient taggées sur toute la longueur , des insultes , sûr , mais bien plus encore , des mots de frayeur , comme si cet immeuble était un cimetière , un cimetière au milieu de Manhattan ... J'arriva à la hauteur de l'ascenseur lorsque je ressenti un lancement au coeur , douloureux et désagréable , ma réaction primaire fût d'éclater mon poing contre l'ascenseur , hurlant de douleur sous ce choc puissant. A présent , ma main était gravée sur la parroie droite de la porte , et la porte , à présent gravée sur ma main.

Une fois entré dans l'engin , ce fût comme un rafraichissement , comme si j'avais mis ma tête dans mon frigo... Un frisson me traversa le corps , et l'excitation me fit sourire bêtement .

- Oh ! Et si j'allais au 2e ! Oooh oui ! Le deuxième ça a l'air trop bien !

Je ne pris même pas le temps de lire la petite étiquette à côté , et oublia totalement le pourquoi j'étais ici , ce qu'il s'était passé .
A partir de se moment là , c'est l'adrénaline qui guida mon corps . Je n'avais jamais ressentit telle excitation . J'étais comme un enfant à qui on promet un gâteau ...

Les portes de fer s'ouvrirent , laissant entrer dans l'élévateur une fraîcheur digne des forêts Brésiliennes . Tous mes sens furent à leur paroxysme , comme une renaissance . Je me plongea avec vigueur dans cette magnifique forêt , sans même me demander ce qu'il clochait . Je retomba en enfance . Sautillant tel un gamin , touchant tout se qui l'entoure .

" C'est là que j'aurais dût naître ... "

Je me stoppa ma marche dans une clairière , et m'allongea sur ce sol doux et verdoyant , vivant et revitalisant .
Sans penser à rien , juste à l'instant présent .

- Plus pur , tu meurt !

Soudain , je sentit comme une présence , un animal peut être , ou , quelqu'un ... ?

- Qui est là ?!

Deus Ex Machina

"Ne pas parler, ne rien prononcer. Ne pas briser ce calme presque absolu."
Je m'ordonnais bêtement de n'écouter que le vent qui soufflait à travers les arbres. J'observais. En silence.
"Un, deux, trois. Un jour, je n'serai plus là..."
J'errai à pas lents.
"Quatre, cinq, six. Mais en ce monde bien lisse..."
J'accélerai. Je marchais désormais à grandes enjambées assez rapides.
"Sept, huit, neuf. J'aurais créé un univers tout neuf..."
Je courais. A toute vitesse. Je filai entre les arbres, comme une ombre, évitant quelques racines qui ressortaient su sol. Des rideaux de verdure défilaient à mes côtés.
"Dix, onz..." J'arrêtai de me répéter cette comptine idiote. Je m'immobilisai. Plus de rideaux. Juste des troncs tout autour de moi.
Une ombre imposante, déposée sur le sol, m'avait interpelée.
Prudente, je m'avançais à pas prudents, dissimulée par les arbres.

- Qui est là ?!

Nan... Nan ! Pourquoi... Comment l'ombre sait que je suis là ? J'aurais fait trop de bruit ?
Je restais cachée.

- C'est... c'est moi.

Mais quelle sotte ! C'est pas une réponse ça ! Je devais répliquer autre chose.

- Ce n'est personne... personne... Puisque je ne suis rien, et n'existe plus aux yeux des autres, dis-je.

"Comment va réagir l'ombre ?"

Je me leva brusquement , tel un félin repérant sa proie , ou peut-être , une proie repérant son chasseur ...
" Cela ne pouvait pas durer , évidemment ! "
Cette forêt si vierge de bâtiment , et même de quelconque trace humaine , n'aurait pas put le rester bien longtemps . J'avais désormais oublié comment j'étais parvenus ici , oublié l'existence même de l'ascenseur ' magique ' , comme si j'étais né ici , mais que je savait ce qu'il s'était passé autre part . Les idées se bousculaient dans ma tête , je ne savais plus quoi penser , mes sentiments se brouillèrent en une fraction de seconde . Que s'était-t'il passé ? Qui es ? J'étais comme un enfant , un enfant dans la brume .

J'étais immobile , debout , au milieu de la clairière , mon prédateur derrière son arbre , j'étais comme en position de faiblesse , je ne savais plus comment réagir , j'avais même perdu mon instinct de soldat . Je n'avait même pas fait attention aux paroles prononcées par cet animal . Et sans réfléchir à ce que j'allais dire , je m'exclama :

- J'ai ... J'me ! Tu t...

Les idées étaient confuses dans ma tête , et si ce n'était pas un homme , dans un endroit si paisible , c'était sûrement un animal , cela ne servirait à rien de lui parler . Et si c'était un homme qui voulait me tuer , cela ne servirait à rien non plus ... Je réfléchis un instant , réussissant à calmer légèrement mon trop plein d'émotion . Cette chose ne pouvait être un animal , j'ai cru entendre des parole articulées . Quelques secondes s'étaient déjà passées avant son apparition ; s'il voulait m'assassiner , il l'aurait déjà fait .

- J'm'appelle Willow .

Après tout , cela ne lui servirait à rien de savoir mon prénom , c'était juste pour voir sa réaction , pour le faire sortir de sa tanière . Et si c'était un piège ... ?!

Deus Ex Machina

Dans son mouvement brusque, l'ombre m'avait fait sursauter.
Puis l'ombre articula quelque chose.
Mais l'ombre a hésitée. Lui aurais-je fait peur, l'aurais-je surpris ?

Et l'ombre parla, encore une fois. Et me dit son prénom.

- Willow... murmai-je.

Je savais déjà que l'ombre avait un prénom. Et que c'était un homme, aussi.

- Bien, Willow. Et moi, depuis ma naissance, tout le monde me surnomme Lucy, dis-je, presque d'une traite.
À quoi servirait le fait de connaître nos prénoms ? Hm, pas grand chose... Mais bon, il faut bien se lancer, 'faut bien commencer par quelque chose.
- Enchantée.
"Ou peut-être pas. Je verrai ça avec le temps."

Puis je sortis de ma cachette.
"Non, je n'ai pas peur... Je n'ai pas peur... 'faut pas que je l'air craintive, surtout que je l'suis pas !"
Et je vis cet homme. Son allure, surtout, mais je ne réussis pas à aperçevoir son visage.
"Il a l'air musclé, pourquoi aurait-il eu peur ?"
Sans que je le veuille, l'incrompréhension marqua mon visage.

Je vis s'approcher de moi cette silhouette fine d'un pas craintif , me parlant rapidement , comme si elle était sûre dans ses paroles , et non dans ses gestes , mais finalement , son visage s'agrémenta d'un ton étrange , comme un sentiment de peur . Je ne fais pourtant pas si peur que ça ! Où peu être qu'elle me prend pour un " prédateur " ... Ou peut être qu'elle fait semblant de paraître proie pour que je me sente confiant , et qu'elle me poignarde ! Quoi qu'il en soit , je vais rester sur mes gardes , mais à première vue , pas besoin de s'inquiéter.

C'était donc bien un homme. Enfin une femme. Ce monde n'était t'il donc qu'un vulgaire parc comme tant d'autre ? Au milieu du Central Parc ? Non , central parc n'est pas aussi exotique.
Les souvenirs me réapparaissaient au fur et à mesure , sans que je m'en rende compte. En tout cas , je n'étais pas seul , et il me fallut un temps pour récupérer de ma déception .
J'adopta donc une attitude blasée , peu être qu'elle croira que j'ai peur d'elle ? En tout cas , si je continue à me poser tant de questions , on avancera pas.

Je m'approcha d'elle . Le temps passait comme au ralentit , comme si j'allais mourir .
Pourtant , j'avançait vaillamment , comme confiant dans mon esprit. Ce n'était pourtant pas le cas. J'avais toujours mon expression de dégoût sur e visage , finalement , on était pareil tout les deux , une allure confiante et un visage conquit d'une expression inopinée.
Mais cela , sur le coup , je n'y ai pas pensé .

Un rayon de lumière traversa les feuillages mettant en valeur le corps gracieux de la jeune femme. Sur l'instant , je ne pensai même plus à une femme , je me posais encore des questions , sûrement beaucoup trop... Peu être es-ce un rêve ? Ou bien suis-je éveillé en plein cauchemar ? Je ne comprenais plus mes pensées . Mais bientôt , il fallut parler , on allait pas rester debout à se regarder . Aucune parole ne me vint à l'esprit . J'avais même déjà oublié ses paroles .
J'ai donc sorti une phrase type sûrement très mal appropriée .

- Ca va ?

Je me senti très idiot . Allait-elle me prendre pour un demeuré ?

Deus Ex Machina

Je vis enfin la face de l'homme, qui avait pris certaines expressions... bizarres, je dirais.
C'est comme s'il ne désirais ne rencontrer personne. Enfin... si c'était le cas, j'aurais aussi été de cet avis. Si calme, si tranquile... Qui n'aimerait pas être seul en cet endroit ?

"Mais... Pourquoi s'approche-t-il... ?" J'essayai de ne pas trembler. Je me devais de rester confiante. De ne pas hésiter.

" - Ca va ? " qu'il me demanda.
Mais quelle question... ! C'n'est pas comme si on se connaissait, et qu'il prenait de mes nouvelles. Quand on croise quelqu'un pour la première fois, ce n'est pas la question la plus approprié, à mon humble avis. Mais... il ne devait pas savoir quoi dire... Oui, ce devait être ça.

- Bien, je vais bien.
Oui, j'allais bien. Je mentais souvent sur ce point là. Certes, j'étais légèrement intimidée, et il l'avait remarqué je pense -mais je ne connaissais pas cet homme- pourtant je disais la vérité.
Un horrible rictus se greffa sur mon visage.

- C'est une question plutôt étonnante, lorsqu'on croise quelqu'un pour la première fois, puis j'enchaînai, et c'est donc, par pure politesse, vu qu'à vrai dire cela m'importe peu, que je te demanderais... et toi, comment ça va ?
Tss... Moi aussi, je n'en menais pas large avec mes réponses qui laissaient à désirer.

Et si ma question était ridicule , sa réponse ne fut que prévisible , que répondre à cela ?
je ne savais que dire à cette étrangère qui ne pouvait rien m'apporter de lucratif , vu que je ne savais même pas où on se trouvait . Et pourquoi pas parler de ça ? Tout simplement parce que je n'y pensais pas , j'étais comme drogué , dans ma bulle , et ne savant comment réagir à cette rencontre imprévue .
Et puis cette expression étrange gravée sur son visage accentuait mon incompréhension , elle non plus ne s'attendait pas à me voir , apparemment . Je raye donc l'hypothèse de la proie et du prédateur . Elle n'avait pas l'air de me vouloir de mal .

Maintenant que j'étais soulagé de ne pas être menacé , il fallait que je prenne en compte sa présence . Que j'engage la discussion , pour une fois que j'allais parler à des fins non lucratives... Et pourquoi ne pas fuir , ou la faire fuir ? Je serais après tout , seul , comme je l'espérais tant . Mais non , je n'avais plus envie d'être seul , je voulais en savoir plus .

Et puis ses yeux , je retombai dans autre chose , ses yeux , dedans , j'y voyais mon reflet , des beaux yeux verts à tendance de bleu , comme je les aime . Mais bref , je n'allais pas m'attarder sur ces détails . Je me sentis mal , d'un coup , était-ce cette présence qui m'eu fait une telle réaction ? Je voyais flou , comme tout à l'heure ... Je ne comprenais plus rien , j'oublié jusqu'a mon environnement . Mon corps s'affala de tout son poids contre le sol , sans que je ne puisse rien y faire . Ca fait un peu femmelette , un homme qui tombe comme ça , comme d'émotion après avoir vu titanic . Mais je n'y peu rien .

Deus Ex Machina

L'homme ne me répondit pas.

Son regard croisa le mien. Ces yeux, ces yeux...
Il était ailleurs, comme s'il n'était pas vraiment présent en cet endroit. Il réfléchissait ?
Puis son regard devint vide, on aurait dit des yeux d'aveugles...

Et l'homme tomba au sol.

Je me précipitai vers lui. "Me dites pas qu'il est mort !"
Je pris son pouls. Je le sentai ; il était régulier. Il avait juste dû s'évanouir. Mais pourquoi ?
Nan, nan ! Ce s'ra après les questions. Pour le moment, je devais juste m'assurer qu'il reste stable.
"Raaaaaah ! Mais pourquoi ça arrive qu'à moi ces trucs comme çaaaa !"
Bon, du calme, du calme.

Je posai ma main sur son front. Il était presque brûlant.
Je ne pouvais pas le porter dans un lieu plus frais, j'étais vraiment trop faible.
Je pris mon mouchoir en tissus blanc, et allai l'humidifer à une petite cascade, pas très loin d'ici. Puis je le posai sur son front.

- J'espère qu'il va aller mieux, quand même, soufflai-je.

Puis je m'agenouillai à deux~trois mètres de lui. J'attendais.